Un détour chez le passé

Je revenais du cimetière, après cet affrontement. Me dirigeant vers l'avenue centrale, je m'étonnais de voir tant de barrières de sécurité, sans compter l'énorme cratère qui se trouvait au milieu. Cela devait donc être là, l'explosion qu'il y avait eu lors d'une opération de l'Armée.

Le Quartier sud était brumeux à cette heure-ci, je ne distinguais pas vraiment grand chose. Je me dirigeais vers les entrepôts, au n°16, plus exactement. Marshall m'avait laissé son adresse, je voulais voir où est-ce qu'il vivait, par simple curiosité. Cela me permettait de me remettre tranquillement de mes émotions après ce combat, qui avait été certes rapidement mené, mais cela était toujours traumatisant d'ôter la vie de personnes, même si elles ne vous veulent pas forcément que du bien...

Je commençais à longer la première allée des entrepôts qui servaient de "logements", quand j'entendais des pas de course au loin derrière moi.
Faisant demi-tour, j'apercevais une ombre courir vers ma direction. Sortant mon Type-2, j'attendais d'y voir plus clair.

" - Vous allez payer ! Payer ! "

C'était le gueulement que j'entendais. Vérifiant bien que les douilles étaient placées dans mon chargeur, je commençais à braquer la silhouette qui se précisait de plus en plus.

" - Vous avez tué mes frères ! "

Cette simple phrase me traversa l'esprit comme une balle.

" Il a tué mes frères ! Ce n'est pas car Laeticia a fermé la porte que c'est elle, qui a allumer cet incendie ! "

Je reprenais rapidement mes esprits, voyant un homme de ma taille courir sur moi, avec une hache à la main. Le visant d'une main, tout en me préparant à sortir ma lame de l'autre, je commençais moi aussi à crier :

" - Arrête toi ! Arrête toi ou je n'hésiterais pas à tirer mon gars ! "

" - Vas-y, tue moi, monstre ! Tu n'en auras que la conscience plus alourdie ! "

Il continuait à se ruer sur moi. Je rangeais cependant mon Type-2 rapidement, dégainant mon épée, et me préparant au choc. Il était en déséquilibre lorsqu'il arrivait sur moi, j'en profitais donc pour parer son coup maladroit. Il avait mis toute sa force dans ce coup, ce qui le déstabilisa que d'être si brusquement paré. J'en profitais pour donner un coup terrible, qui trancha en deux... sa hache. Le son du métal percutait le sol, regardant sa seule arme définitivement réduite à néant. J'essayais tout de même de le raisonner, une fois de plus.

" - A quoi bon? Je ne te tuerais pas, si tu repars. Cela ne sert à rien ! "
" - Qu'importe, le salut vaut mieux que les remords ! "

Il me lança un coup qui me percutait l'abdomen, ce qui me fît tomber au sol. Je ne m'étais pas attendu à une réaction si vive. Mon épée elle aussi, tombait dans un fracas métallique assourdissant. Je tendis la main pour la rattraper, mais il m'écrasa le bras de son pied, prenant ma précieuse lame.
Mais à son étonnement, elle était plus lourde qu'il n'y paraissait, me laissant le temps de dégainer mon Type-2, que je n'aurais pas dû ranger. Sans sommation aucune, je lui enfonçais du plomb dans la jambe droite, ce qui le fît chuter au sol immédiatement. Mais il avait toujours l'épée, la pointant dans ma direction.

" - Lâche cette épée, immédiatement. Tu ne sais pas ce que tu fais.
- Et depuis quand un passant du Quartier Sud possède des épées, hein, mon gars ? T'es qui, toi d'abord? Tu devras me tuer si tu veux la récupérer sans y laisser ta peau. "

Bien que je pouvais tenter de lui asséner un coup, il pouvait facilement riposter et m'infliger des dégâts non souhaitables. Je tentais de bien me remémorer mon entraînement au centre de tir, visant son poignet droit, qui tenait l'épée.
Je tirais, détournant mon regard. Du sang gicla à mes pieds, tandis que l'homme criait terriblement. L'épée retombait, une fois de plus, dans les quelques gouttes de sang déjà présentes au sol, tandis que je poussais violemment l'homme, le plaquant au sol, en le maîtrisant.

" - Ainsi tu as choisi la voie de la prétention, alors assumes-en les conséquences. "

Bien qu'il m'était possible de largement l'écraser, le rouer de coups voir même de l'achever, je canalisais ma haine, reprenant la lame, en le laissant là, à moitié mort, criant dans sa marre d'hémoglobine, sur un trottoir mal entretenu.

" - Tu sais désormais ce qu'il en coûte de s'en prendre à moi. "

Je me dirigeais donc, comme je le faisais initialement avant cette altercation, vers le local n°16. Plus les numéros affichés sur les murs défilaient, moins j'entendais les gémissements du pauvre homme.
J'arrivais donc devant ce petit local, en assez piteux état.

" - C'est ici qu'il réside ? "

J'étais assez étonné de voir qu'il pouvait résider dans ce type de bâtisse. Il n'y avait pas de lumière à l'intérieur, ce qui me laissait supposer qu'il n'était pas encore rentré. Je remarquais que j'avais gardé par maladresse quelques bijoux, obtenus au cimetière. Je les glissais sous la porte, avant de repartir vers le Sanctuaire. Je profitais d'une petite flaque d'eau pour nettoyer quelques peu mes chaussures, rougies par le sang, avant de marcher dans le sillage de la lumière blanche de la Lune, éclairant parfaitement le milieu de l'avenue.
J'entendais un coup de feu lointain, me disant qu'il devait être coutume, comme au quartier est, de régler ses comptes. Cela ne m'inquiéta nullement, et je profitait de cette marche pour méditer quelques peu.